Volontariat à Bangkok

L’arrivée à Bangkok marque la fin de 3300 km à zigzaguer à travers la péninsule malaise depuis Singapoure. Cette mégalopole, la plus peuplée d’Asie du sud-est avec 18 millions d’âmes, ne présageait rien de réjouissant d’un point de vue cyclotouriste. C’était sans compter sur la communauté « warmshowers » et l’hospitalité de Toom qui va rendre mon séjour des plus inattendu.
Toom est une légende de « couchsurfing » et « warmshowers », ces réseaux mondiaux d’aide entre voyageurs. Il aurait accueilli plus de 2000 personnes dans son repère des banlieues nord de Bangkok. Des horizons de vie, des personnalités et des nationalités tous azimuts ont traînés leurs sacs et sacoches chez lui.

Au premier abord Toom parait spécial. Son humour décalé et son gout prononcé pour l’ironie le rendent difficile à cerner au début. Je le repère immédiatement et à peine passer le pas de sa porte, on se taquine déjà.
Avec Toom il vaut mieux ne pas prendre les choses trop au sérieux, mais derrière cette attitude de façade se cache une personne en or.

Le jour même de mon arrivée un autre voyageur à vélo débarque. Thibaut arrive du Kazakhstan avec son vélo emballé dans un carton détrempé par la pluie diluvienne du soir. La logistique d’un vélo dans l’avion ne fait pas rêver. On lui fait de la place, on éponge et on réorganise le dortoir. Même si la maison est pleine Toom ne refusera personne.

De suite le courant passe bien dans notre trio et les quelques jours prévus chez Toom vont se transformer en une semaine.

Assez naturellement nous proposons notre aide pour organiser sa maison dans laquelle il entasse une tonne d’affaire. Une mise en jambe à déplacer des meubles et des gros pots en terre cuite. Histoire d’être en forme pour le grand ménage prévu quelques jours plus tard dans sa ferme à l’écart de la capitale.

Quelle bouffée d’oxygène de quitter cette ville bouillonnante pour le calme et la fraicheur de la campagne Thaïlandaise. Un calme relatif puisque dès notre arrivée nous détruisons un abri branlant, la jungle naissante est élagué et des trous à la barre à mine sont creusés afin d’accueillir des jeunes arbres. Le toit est également nettoyé à grand coup d’outils bidouillés et un échafaudage artisanal.

À plusieurs reprises, Toom fait les gros yeux notamment lorsqu’il nous voir tirer énergiquement sur les lianes étouffant un des arbres centenaire. « Les gars ne cherchez pas, vous n’arriverez à rien ». Le genre de phrase qu’il ne faut pas nous dire. En deux heures l’arbre est nettoyé !

Selon l’esprit d’échange d’un volontariat, Toom prend les commandes en cuisine pour nourrir les deux travailleurs affamés que nous sommes devenus. Il nous cuisine à la thaïlandaise ses petits plats épicés qui nous font transpirer et pleurer. Un délice.

Le volontariat est une manière de renvoyer l’ascenseur pour toutes les personnes qui accueillent, nourrissent et aident au fil de la route. Une façon également de s’entraider sans ce rapport à l’argent qui pourrit parfois les relations et la spontanéité. D’excellents souvenirs de mes précédents volontariats en Martinique, au Guatemala et en Polynésie à Tahiti, me reviennent.

Le temps de reprendre la route a sonné, cette fois-ci accompagné par Thibaut. Sous un crachin, typiquement breton, nous remercions Toom et embrayons sur un boulevard à six voies bondé par le trafic. Direction Ayutthaya, la capitale historique.

Cette cité, 80 km au nord, fût la capitale du royaume de Siam à partir du 14 ème siècle jusqu’à sa destruction par les Birmans en 1767. Bangkok prend alors à cette époque le rôle de capitale. Lors de la destruction par les Birmans les têtes de bouddhas furent décapitées comme symbole de capitulation. Avec le temps passant l’une d’entre elles fût prise dans les racines d’un ficus. Un lieu devenu hautement spirituel puisque c’est sous un ficus que bouddha aurait trouvé l’éveil et l’illumination. Arbre désormais vénéré dans le bouddhisme et appelé arbre de la bodhi qui correspond à cet état d’éveil.

Je vous laisse avec les photos de notre visite.

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