Bienvenue en Asie

La vie de marin laisse place à celle de terrien. Fini les quarts, les cernes associées et le gainage anti roulis en cuisine. Désormais le pédalage est de rigueur puisque 20 à 25000 km m’attendent à minima.  C’est partis par Singapour et la Malaisie !

Un indien dans la ville. Version Singapour

Singapour ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Très rapidement je quitte cette bulle capitaliste ultra futuriste à l’ambiance ascéptisée. Pour la petite histoire cette île faisait partie de la Malaisie après l’indépendance de l’Angleterre en 1957. Huit ans plus tard Singapour réclame quant à elle son autonomie. En 60 ans cette cité-état est devenu une des plus importante puissance économique d’Asie, notamment grâce à son important port commercial. Gibraltar, la Manche ou Panamà à la densité de cargos déjà importante jouent en deuxième division. J’ai vécus ces plateformes du commerce maritime mondial à bord de différents voiliers, mais Singapour dépasse l’entendement. Les portes-conteneurs M.S.C de 400 mètres, super-tankers et autres gaziers sont à la file indienne nuits et jours dans cet étroit passage. La densité de bateau au mouillage devant la ville est également incroyable.

Ils en sont à faire des arbres artificiels. Tout va bien… Singapour

En passant la frontière à “Woodlands checkpoint”, le contraste est net. La Malaisie est dans son jus, un peu désorganisé et ça me plaît. Les gens me saluent, ça sent les épices, la friture, quelques relans d’animaux putréfiés aussi. Singapour correspond à l’opposé. La modernité et l’organisation sont à leur apogées dans cette ville considérée comme la plus chère du monde, ex æquo avec New-york selon The economist. Johor-bahru, troisième ville de Malaisie, me cueille quant à elle dans le vif d’un sujet gentiment bordélique.

L’Asie ça bouillone ! Marchés à gogo.

Une de mes premières observations au guidon de mon bolide est la mixité culturelle ambiante. Des moines bouddhistes déambulants, des visages indiens et certaines devantures d’échoppes écrite en mandarin me mettent la puce à l’oreille. Je remarque des temples hindous non loin des minarets. Cependant la religion principale demeure l’islam.

L’ambiance est cosmopolite. Je repère aussi la différence d’accent lors des réponses en anglais. Les indiens sont repérés à 40 km avec leur fameux “r” roulés. Je croirais entendre des Bourguignons.

La plupart des jeunes apprennent l’anglais à l’école par l’héritage du Commonwealth, mais la plupart des anciens font les gros yeux dès les premiers mots d’anglais ! Dans les campagnes, les échanges sont parfois lunaires, à grand coup de langue des signes. Avec un peu de persévérance je réussis tout de même à me faire comprendre. En apprenant quelques expressions de Malais le contact devient très différent. Ce sont des hordes de sourires, parfois moqueur de mon accent bancal, que je déclenche à chacune de mes tentatives pour commander un plat.
Voici quelques exemples de mes expressions préférées au fil des rencontres: mantap: excellent👍; chianti : magnifique; gile: fou ; terimakasih: merci; sama sama: avec plaisir; nasi: riz ; ahir: eau; limao: citron; bukit: petite coline; kelapa coco; bisikal: vélo, pisang: banane, bule: possible.

Alors tu veux manger quoi le cyclo?
Roti Canaï !
Avec Peter au petit déjeuner. Gavage !

La côte ouest me régale. De Johor-bahru à Kula-lumpur en passant par les vibrantes Melaka et Muar je progresse doucement vers le nord en infusant dans les ambiances locales. Les marchés nocturnes de Melaka et de Kula-lumpur (bukit bintang) notamment, correspondent à l’Asie comme je l’imaginais, bouillonnante et vibrante. À contrario la côte Est, certes plus sauvage, m’a semblé plus monotone et la population très peu mélangée. Deux styles, deux ambiances qui rendent la Malaisie très particulière. J’ai tout de même une préférence pour la côte ouest plus cosmopolite.

Parapente, encore et toujours

Splendide Bukit bubus sur la côte Est

La Malaisie ne vient pas en premier à l’esprit lorsqu’on pense au parapente. Pourtant, le pays possède des sites très intéressants avec notamment bukit bubus. Cette crête non loin de Kuala besut est à mon sens de classe mondiale pour le soaring au même titre que Stanwell park ou Rainbow beach en Australie. La possibilité de raccrocher la crête de bukit keluang plus au nord après une petite transition rend le site spectaculaire et justifie à elle seule l’énorme détour à vélo.

Pérché au dessus de bukit Keluang

Cependant, pour le vol distance, le pays n’offre que très peu de possibilités. Assez peu d’illusions à se faire de ce côté.
L’itinéraire que je trace dans un pays est en partie dictée par les différents sites de parapente. En trimballant cette voile dans les cols tel un âne mort je me dois de l’utiliser dès la première occasion. Sinon à quoi bon la balader et la faire bronzer sur le porte bagage. J’en profite pour m’envoler et admirer le monde vu du ciel à la première brise favorable. Ce bout de tissu est également une formidable occasion pour rencontrer les pilotes locaux et discuter d’un autre thème que le vélo.
Voler ajoute cette fabuleuse perspective qui manque au voyage à vélo, le plus sympa soit-il.

Pantaï Merdeka, le jour de la fête nationale pour l’indépendance du 31 août 1957.
Avec Khalib pilote de parapente avec qui j’ai volé à Pantai. Une légende cet artiste

Le centre malaisien, retord et hardcore

Depuis Kuala kubu bahru, site de vol thermique, je pars dans une longue diagonale à travers la cordillère centrale pour rejoindre bukit bubus, ce fameux site de Soaring côté Est.
Cette traversée m’en fait voire de toute les couleurs. Ces montagnes russes n’ont aucune pitié des mes jambes encore engourdies par la dernière traversée en voilier. Grimper avec un vélo chargé est un univers completement différent comparé à une bécane en carbone de 8 kg. On s’habitue assez vite, mais quand les cuissards moulants me doublent, je rigole de les voir tirer la langue. Tout est vraiment très relatif.

Depuis Tapah ce sont 50 km de montée qui me séche pour rejoindre Tanah Rata et les Cameron highlands. Les températures chutent progressivement de 15 C° et uniquement pour ça je suis heureux de m’être aventurer dans ces contrées.
Ces highlands, perchés à 1500m, sont un lieu de production de thé, mais surtout de tomates.

Cameron higlands. 17 C° je respire, enfin.

Passé les quelques lieux photogéniques et touristiques des plantations de thé, la suite des vallées à tomates ressemblent à d’immenses champs de plastique. Des serres à perte de vue enchevêtré de collines en collines et burinées par des bulldozers mangeurs de forêts et d’oxygène.  Un spectacle beaucoup moins attractif, mais qui fait partie de l’expérience générale. Observer le monde comme il est vraiment sans filtres ni préjugés est le plus important à mes yeux. Je veux vivre toute la palette d’émotions et d’expériences, les meilleures comme les moins bonnes.

Déforestation massive pour installer des serres
Ambiance saison des pluies

Six jours me sont nécessaires pour traverser cette cordillère montagneuse du centre de la Malaisie. J’y laisse des plumes. J’établis donc le camp de base parapente à Kuala besut pendant une semaine pour reposer les jambes et évidemment déballer la voile de parapente.

Bukit bubus forever.

On se retrouve bientôt pour la suite des évènements dans un nouveau pays. Je vous laisse avec une petite vidéo de parapente à Bukit Jugra.
Bisous.

Ambiance à Bukit Jugra. Côte ouest de la Malaisie

Publié par Un Tour d'Aile

Tour du monde à vélo, voilier-stop et parapente.

20 commentaires sur « Bienvenue en Asie »

  1. Je t admire par tout ce que tu fais. Quel courage ! Tes parcours à vélo qui pèse une tonne sur des pentes difficiles il faut du mental et surtout des bonnes jambes. Le parapente te permet de décompresser et d admirer de beaux paysages et de nous en faire profiter. À bientôt pour la suite. Bises.

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