Darwin, la route s’arrête


La traversée du désert de Tanami marquait un cap. La fin d’un petit jeu de tétris à stocker l’eau et la nourriture dans les sacoches. Halls-creek terminus de la Tanami track clôturait l’Outback par les pistes, mais Darwin, mon objectif, demeurait à 1200 km dont 700 face au vent. La partie australienne était loin d’être gagnée.

Premier objectif: parapente à Wyndham.

Kimberley Airlines vous souhaite la bienvenue à bord.

Un des vol les plus spectaculaire de l’état du western Australia constituait la première raison valable pour reposer les pistons. Les cuisses, ces feignantes, réclamaient la sellette du parapente. Aucune raison de les contredire.

Pendant une semaine Lauren, son papa Fred et tonton Gerald m’ont permis d’installer le camp de base derrière chez eux, à 100 m de l’atterissage. Les soirées passées autour du feu à se raconter les anecdotes croustillantes de nos vies respectives n’étaient pas tristes.

Fred et Lauren

J’ai rencontré par la même occasion les habitants du hameau “the Gulley” avec lesquels nous avons vécus hors du temps dans cette région peu touristique des Kimberley.
Nous pêchions les barramundis, les poissons chats, les requins de la “king river” au marnage digne de la bretagne nord. Cuisinés directement dans les braises de notre feu en bord de rivière, nous mangions la chaire à la petite cuillère. Que de moments incroyables lois de l’univers cyclovoyage et de sa cuisine rudimentaire.

Session pêche à la “King”

Deuxième objectif: retrouver mon pote Jeff à Katherine.

Il m’aura fallu 12 jours pour parcourir 600 km face au vent et retrouver Jeff à Katherine. Ça n’a pas été de tous repos.

Entre 11 et 15 h je m’arrêtais à l’ombre d’un arbre. À ces heures, la brise est forte (40km/h) et la température taquine les 35 C° parfois 37 C°. Ça pique ! J’hallucine lorsque les locaux m’expliquent que pendant la saison chaude le ticket d’entrée est à 40 C° avec un taux d’humidité de 80% et plus ! Une belle leçon de relativité que je reçois par la même occasion.
Bien que les conditions soient défavorables, je réalise qu’avec l’entrainement combiné à du repos régulier ça roule tout seul. Les jambes tournent par automatisme, sans douleurs ni peines. Le coeur bat lentement, la respiration est douce et la bouche constamment fermée permet de conserver toute son humidité. La sensation de soif est ainsi drastiquement réduite. Sensations totalement grisantes de traverser un continent grâce au coeur, le plus résilients des moteurs sans dépenser un centime d’essence. Déconcertant certainement et peut-être même addictif.

À l’énergie humaine

Petite aparté santé: les effets de l’entrainement sur le corps prennent entre 6 et 8 semaines avant de constater des différences notables dans l’adaptation musculaires, tendineuses et cardio-vasculaire. Être en difficulté lors de la reprise ou le début d’un activité physique est donc logique. Une fois passé ce cap des deux mois, pendant lesquelles il est préférable d’être progressif dans les charges, la sensation de confort dans l’effort est grisante. Notre corps est conçu pour bouger alors utilisons le. Devenir confortable dans l’inconfort est sans doute le plus important des apprentissages lorsque l’on voyage longtemps sur un bout de cuir en guise de selle !

Finir avec Jeff ce périple australien était incroyable. Six mois auparavant il m’accueillait à Sydney, depuis il est devenu un ami.
En mars, je recevais ce mail: “Hey Steve, c’est Jeff. Ça te dit que l’on se retrouve sur la route dans le nord?”
Trois mois plus tard nos chemins se recroisent à Katherine et c’est ensemble que l’on termine mes 10.000 km à travers ce continent jusqu’à Darwin, fin de la “route”.

Darwin fin de la route et d’une aventure. Une nouvelle m’attend
Sacré Jeff

Troisième objectif: embarquer sur un voilier pour l’Asie.

Trouver un voilier peut prendre deux mois comme une journée. Il faut être prêt à tout mentalement, mais surtout être au bon endroit et à la bonne saison. À Darwin, en juin, il m’a suffi d’une demi-journée pour trouver un embarquement de qualité. Ma technique sur place, est de démarcher au culot en toquant aux coques tout en misant sur le bouche à oreilles entre “voileux”. L’avantage est de rencontrer directement les capitaine et leurs navires. Avoir des options différentes est aisé, mais choisir sur lequel embarquer peut s’avérer casse-tête.

Une première tournée de ponton à Dinah beach club puis à Cullen bay m’offre une première option (aléatoire) sur un 57 pieds en bois. C’est au Darwin sailing club grâce au bouche à oreille que je rencontre Gilles capitaine de coccinelle. Le premier contact est bon et mon profil ultra flexible lui plait.
Gilles part pour la Malaisie et moi aussi par la même occasion.

Ça c’est coccinelle

Publié par Un Tour d'Aile

Tour du monde à vélo, voilier-stop et parapente.

10 commentaires sur « Darwin, la route s’arrête »

  1. Au Revoir magnifique Australie et bon vent pour rejoindre la Malaisie. Encore bravo pour ton courage pour la traversée du désert. Je me réjouis de lire tes nouveaux articles qui me font voyager. Bisous.

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