Cette mission clôture l’Outback et marque mon retour sous les tropiques. Les bivouacs au bord des rivières vont reprendre leurs droits. Pas trop prêt quand même puisque les crocodiles font désormais partis du paysage.
Partir vers l’ouest/nord-ouest depuis Alice Springs avec deux semaines de nourriture pose question. Le premier jour, je me suis demandé si je ne poussais pas le bouchon un peu trop loin ?
L’idée a pourtant mûri pendant six mois, bien au chaud dans la boite à rêve, mais l’entreprendre pour de bon reste relativement impressionnant.

Comment l’idée a t-elle germé ?
Fraîchement débarqué après huit mois d’une incroyable Transpacifique depuis le Mexique, ma soif de grands espaces était activée. Le vélo remonté sur les quais de la marina Bundaberg, je me demandais par quel côté attaquer le morceau Australien ? La carte papier était étalée et toutes les options possibles. Au fond, je voulais continuer a expérimenter notre vulnérabilité au contact des éléments, comme je l’ai ressenti en plein Pacifique.
Le désert de Tanami est apparu comme une évidence sur le papier.
Nombreux ont tenté de me décourager, me faire peur, ou simplement me dire que ça n’est pas possible. Au fond je savais que j’en étais capable, alors j’ai foncé. Ce choix je ne l’ai absolument pas regretté, même si j’ai eu des galères et que certaines journées furent rudes. Devenir confortable dans l’inconfort est un processus sans fin dans lequel je progresse un peu plus tous les jours. La Tanami est un très bon exercice pratique à ce sujet.

L’eau n’est PAS un problème à condition d’embarquer 18-20 litres (en fonction de sa soif) sur la section Yuendumu-Bililuna. À mi-chemin, la présence de la mine d’or “the granites” permet un ravitaillement en eau ultra stratégique. À nouveau 18 litres sont chargés dans ma caravane.
La partie centrale de la traversée est exigeante autant mentalement que physiquement. Au milieu de cette section une pièce importante d’un arceau de ma tente craque. Histoire de me détendre après une journée à jouer dans le bac à sable. Je réussis une réparation, à grand coup de bidouille, juste avant la nuit. Ambiance….
Une tente bancale

J’installe le camp, plante les sardines et commence à accrocher la moustiquaire à l’arceau. Un grand “crac”retentit. Un arceau pendouille retenu par l’élastique. Il est 17 heure, il va bientôt faire nuit et je suis dans l’endroit le plus sauvage de la traversée. La solution de mettre le classique tube de réparation ne marche pas. La Première et la deuxième réparations ne tiennent pas jusqu’au moment où j’ai l’idée qui va me sortir de cette embrouille. Je décide de détruire la tête d’une sardine pour pouvoir la glisser à l’intérieur de l’arceau et ainsi remplacer la connexion cassée. Bingo, ça marche. Me voilà de nouveau prêt pour une nuit à l’abri. Étant donné les animaux qui vivent dans ces lieux, c’est une excellente nouvelle.



Une biodiversité exceptionnelle
Énormément d’oiseaux différents, des dingos, chameaux et serpents peuplent ces lieux inhospitaliers pour l’humain.



Au cinquième jour ma course poursuite avec un dingo sauvage fut un des moments les plus intenses de ces 10 jours hors du temps. J’en ai croisé une dizaine au fil de la Tanami et la plupart suivent pendant quelques mètres puis s’arrêtent. Celui-ci était beaucoup plus vicieux et surement affamé. Il ne voulait pas me lâcher ce coquin.
Sa manière d’agir avec moi n’avait rien de comparable avec les autres dingoes rencontrés.
Conditions
La première section Alice-Yuendumu est asphaltée pendant environ 320 km puis la piste prend la relève. Les réjouissances commencent et durent 750 km. Jusqu’à la mine d’or the granites les “roads trains”, ces camions à trois remotques sont fréquents, ensuite quasiment aucun. Leurs nuages de poussières me donnent un look de mineur.
Pour les conditions, c’est au choix le sable des côtés soit la tôle ondulé du centre. Certaines sections demeurent roulantes, mais se font vite oubliées. Dans ces moments, je pense au fait que personne ne m’a jamais forcé à venir ici, alors je ferme mon clapet et j’avance du mieux possible. En poussant, les cuisses se reposent au moins. Marcher quelques centaines de mêtres fait tellement de bien.




Les habitants du desert.
Le désert de Tanami abrite quelques rares communautés. Cette famille vit dans celle de Balgo. Des lieux extrêmes où pendant la saison chaude le thermomètre atteint les 50 C°. Ce jour, il faisait relativement frais ! Un timide 30 C° et les enfants avaient sortis les pulls. Normal 😳

Recevoir de la chaleur humaine dans ces lieux est très spécial. J’étais pourtant “oxy”, mais ces sourires et ces moments partagés, m’ont redonné une pêche d’enfer, le temps de quelques kms . Puis le sable a repris ses droits pour me tordre encore un peu plus dans les tréfonds de la fatigue. Peu importe, j’ai continué d’avancer !
Même si l’accueil fût globalement très bon, j’ai aussi vécus des moments “hardcore”. À la fin de la traversée, j’avais l’idée de me reposer, mais que dalle ! L’infernal vacarme nocturne de Halls-creek n’a laissé aucun répit à mon sommeil. En l’espace d’une nuit blanche je suis passé du stade oxydé à carbonisé complet. Pas grave, j’ai bougé au lever du jour pour dormir à nouveau entouré par les oiseaux du bush.

Au fond ces bêtises ne sont que des privilèges. La plus compliquée des expeditions se transforme en promenade de santé en raisonant ainsi. Côtoyer Joshua, multiple champion du monde de triathlon “Iron-man” avant mon départ d’Alice Springs, m’a rappelé que tout est relatif. Il me disait “La Tanami, pas de quoi en faire tout un fromage” 😉 Je suis totalement d’accord avec lui après l’avoir traversé. Tout cela me conforte dans l’idée qu’un voyage à vélo n’est pas une compétition. En cherchant bien tu trouveras toujours beaucoup plus fort que toi. Que ce soit un désert ou un champion comme Joshua.
L’interêt et la motivation que j’ai pour ce voyage réside dans les apprentissages que j’en tire. Entreprendre une aventure de la sorte pour dire “je l’ai fait” ne m’excite pas du tout. Bien au contraire ! Ce périple au tour d’aile m’a poussé dans les retranchements de l’humilité, de l’adaptabilité, de la patience et de la relativité. Ça va continuer je n’en doute pas. La fierté, quant à elle, n’emmène nulle part. Elle ferme d’ailleurs certaines portes. Je ne ressens pas cette fameuse fiéreté du chemin parcourus, mais la gratitude d’être vivant et libre sur mes deux guiboles pour continuer d’avancer.
Bisous à toutes et tous au quatres coins du monde
J aime toutes les remarques et plus particulièrement celles de la fin: belle réflexion sur la vie !! Cela fait réfléchir tout ça 😍😍
Ahaha oui. Sur mon vélo j’ai tout le temps de réfléchir.
Des bisous😘😘
Je suis toujours aussi émerveillée part tes performances, quel courage physique et mental et aussi bricoleur, bravo pour la réparation de ta tente. Continues à nous faire voyager. Bon courage pour ta prochaine étape.Bisous.
Merci beaucoup.
Des bises