L’aventureuse Oodnadatta track

Une rencontre incroyable en plein désert et un accueil magnifique à Oodnadatta pendant la tempête ilsa, auront marqués ce chapitre de ma longue remontée vers le nord. En fin d’article, je partage quelques informations pratiques pour celles et ceux qui seraient tentées par la mission.

Brachina gorge est symbolique. Cette faille dans la longue chaine montagneuse des Flinders m’emporte progressivement vers l’océan désertique qu’est l’Outback. Tout aussi impressionné qu’impatient je me retrouve à ce moment face à mes décisions relativement radicales, mais bien déterminé à les assumer. Les choses sérieuses vont enfin pouvoir débuter. Excitant !

Allez Ciao les Flinders. Merci pour vos beaux paysages

Deux journées au taquet, vent de dos,  entre Brachina gorge et Maree permettent de tester les jambes. Sentiment rassurant de savoir que la forme physique est au rendez-vous. Maree, bourgade assez typique de l’Outback, marque le début de l’Oodnadatta track, premier passage clef de ma traversée.

Quelque peu stressé à l’idée de m’y engager, je prends rapidement mes marques. S’installer dans le rythme, lent et constant du voyageur, puis poursuivre la méditation qui devient mon habitude permettent d’ignorer l’inconfort. Je jubile dès les premières perspectives impressionnantes qu’offre certaine ligne droite d’une piste à perte de vue. Aucune barrière, ligne électrique ni activité humaine ne viennent entacher l’immensité qui m’entoure à 360°.  L’Outback est grandiose, mais il faut être prêt dans sa tête pour l’apprécier. Il ne fait aucun cadeau.

Respire mon petit
Longues, très longues…

Je parle peu des kilomètres,  car les chiffres ne peuvent résumer cette réalité aventureuse. Rouler sur l’asphalte ou sur une piste loin de tout, ne jouent pas dans la même catégorie. L’isolement, la chaleur, les bivouacs, les mouches, la gestion mécanique, physique et logistique transforment une simple balade a vélo en réelle expédition. Cette dose d’inconfort que je vis, permet d’apprécier à posteriori le confort d’une bonne douche, de fruits et légumes frais ou d’une grasse matinée dans un lit moelleux. À la seule différence qu’un lit n’offre pas le spectacle d’une voie lactée scintillantes de ses mille éclats. Dénués de pollution lumineuse, les ciels du désert ont cela de commun avec ceux des océans.

“Into the wild”
Allez, pousse mon petit

La tempête ilsa

“Le désert est une force tranquille, doux et violent en même temps, prêt à tout, tout le temps” proverbe Touareg

Je vais en avoir la parfaite démonstration. À William-creek, premier ravitaillement en eau, un premier choix important s’impose.  Les fichiers météo annoncent de fortes pluies cinq jours plus tard. Lors de ces épisodes les pistes argileuses deviennent d’immenses piscines de boue impraticables.
La communauté d’Oodnadatta, prochain arrêt possible est à deux jours de vélo en forçant, sinon trois classiquement. J’ai 48h de marge pour arriver là-bas avant la dépression. Je prends donc la décision de m’engager dans cette direction, en connaissance de cause, tout en sachant que je vais devoir attendre à Oodnadatta pour une durée indéterminée.

Cette section s’avère la plus belle, la piste est en bon état et surtout je vais rencontrer trois champions à deux roues. Cette rencontre irréelle en plein désert avec Rebecca, Lindsay, et Niessen nous donne des ailes. Nous roulons plus que de raison et seul le soleil couchant au bord d’un oasis déniché par ces trois énervé/es vient clôturer 11 h de pédalage. Le lendemain, Oodnadatta est atteinte après deux journées intenses depuis William-ck.

Résurgence salée

Cinq jours passent, la pluie tombe comme prévu et toutes les pistes sont fermées. La situation ne semble pas très sexy, mais je l’apprécie. J’apprends à connaitre mes nouveaux compagnons de route avec qui je tisse des liens d’amitié. La simplicité de notre vie hors du temps nous rapproche et permet également d’aller à la rencontre des habitants de cette communauté aborigène.

Ils apprécient énormément la présence de leur drapeau sur mon chargement. J’apprends à cette occasion qu’il est installé à l’envers. Ils se marrent, mais ne m’en tiennent pas rigueur. Curieux d’en connaitre davantage, la discussion s’engage le samedi soir sur la terrasse du seul bar, 200 km à la ronde. Ils se prêtent volontiers aux explications. L’Australie est divisé en plus de 500 communautés aborigènes différentes qui n’entretiennent pas toutes des relations amicales. Loin de là, certaines même se détestent. Ils parlent des langues différentes et n’ont pas les mêmes lois. Il est estimé que seul 150 langues traditionnelles persistent après la période de colonisation. Cette grande diversité est représentée par la carte des populations autochtones du continent.

Après quelques jours de séchage, nous sommes autorisés à rouler. Les copains décident au croisement avec Mt Dare de pousser dans cette direction bien que la piste soit défoncée par la boue et les inondations. Décision difficile de ne pas les suivre, mais au combien importante. Je sens qu’ils s’engagent dans un plan foireux. Deux jours plus tard je reçois ce message de Niessen via le téléphone satellite, qui confirme ma juste décision:

C’est donc seul que je m’engage dans la dernière partie aventureuse de l’Oodnadatta en direction de Marla. Malgré un soleil agressif facilitant le séchage, certains passages demeurent boueux. Je ne parle pas de la petite boue gentille du potager qui salit un peu les chaussures. Oh non, celle-ci colle comme la glu et peut atteindre la mi-mollet de profondeur ou plus en cherchant un peu.

Trois journées plus tard sans avoir vu un seul 4×4, je débarque à Marla, fatigué mais content. La fin d’une magnifique page d’aventure s’écrit donc ici, mais un retour à une forme de “civilisation” assez brutal me pousse à ne pas m’arrêter.
Sans écouter la fatigue qui frappe à la porte j’embraye sur le troisième plateau, vent dans le dos et le poing en l’air en direction d’Uluru, prochaine destination rêvée depuis des mois. 

Informations pratiques: Attention chaud devant !

Nourriture:
Le dernier ravitaillement en nourriture se trouve à Leigh-creek, 120km a sud de Maree. Maree et William-ck n’ont quasiment rien, exceptés quelques paquets de chips aux prix exorbitants.
Oodnadatta et Marla ont un plus large choix et permettent de refaire le plein avant Yulara/Uluru, prochaine supérette.

Eau:
Ma consommation en 24 h étant de 4l tout compris, je calcule en fonction de la distance à parcourir. J’ai toujours deux à trois litre en plus au cas ou.
Pour connecter les ravitaillements de William-ck et d’Oodnadatta j’emporte 11l. Pour la dernière partie aux conditions boueuses 13 l sont embarqués. C’est également celle qui présente le plus de dénivelé.

Mécanique:
À mon sens le plus important de pouvoir réparer. L’eau et la nourriture pourront vous être dépanné par certains 4×4 passant, mais les pièces de rechanges ça n’est pas la peine d’espérer. Ce qui n’est pas réparable sur place, il me semble préférable de remplacer par du neuf à Adélaide ou à Melrose, dernier marchand de vélo lorsqu’on vient du sud.
Important: réduire la pression des pneu de 2 bars ou 30 Psi augmentent grandement le confort tout en réduisant les contraintes.
Vérifiez le serrage des boulons assez régulierement, les vibrations ont tendance à les dévisser.
Les rayons renforcés “Sapim strong” et les jantes de VTT “Ryde Big bull” sont plus qu’une bonne idée.
J’avais tout de même 5 rayons de rechange et bien-sûr un démonte cassette miniature au cas où un rayon casserait côté cassette. Les jantes “Ryde Big bull” sont neuves depuis Adélaïde.

Météo:
Le Routage météo est Capital, avec Windy pour le vent et Meteoblue pour la pluie. Forcer pendant des jours face au vent sur ce genre de terrain est le cauchemar ultime.
Méfiance lorsque le vent est annoncé fort même si vous l’avez dans le dos, car au moment de planter la tente dans 50 km/h, la partie s’annonce sportive.
AUCUNE pluie conséquente ne doit être prévu dans les 72h lorsque vous vous engagez dans une des trois sections de l’Oodnadatta. Ne jouez pas avec ça.
L’Outback est imprévisible, respectez- le !

Dernier détail important, l’Oodnadatta track n’est pas plate. Vous penserez à moi lorsque vous serez en galère dans certaines bosses.

Allez Bisous et bon voyage.

Publié par Un Tour d'Aile

Tour du monde à vélo, voilier-stop et parapente.

13 commentaires sur « L’aventureuse Oodnadatta track »

  1. Super comme dab . La dernière partie et pas des moindres,risque d’être encore sportive,mais c’est le jeu avant Darwin et d’autres contrées. Bon vent et amitiés à la nièce de Steven jusqu’au prochain épisode.
    Bizous

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