L’écologie, mais c’est quoi cette histoire ?

Bien arrivé à fly Manilla. Attérissages intempestifs d’engins volants possible à tous moments.

Manilla, capitale australienne du vol libre, est atteinte après dix jours et 850 km pédalés en direction du sud. Mon gps, a fumé à la recherche incessante des petites pistes du bush pour rejoindre cette bourgade de l’état du New-south-wales.
L’itinéraire est, certes rallongé par tous ces zigzags, plus difficile, mais tellement plus réjouissant.

Les réjouissances de ne faire aucun bruit.

Le bush est le nom que porte la campagne sauvage de l’arrière-pays, où la population animale dépasse très largement celle humaine. Ce temps passé au contact de la nature fût un festival de rencontre avec les kangourous, les wallabys, pléthores d’oiseaux, quelques serpents et des lapins tous aussi surpris que moi de ces rencontres fortuites au coin d’une piste. La faune australienne peut s’avérer hostile, bien qu’il n’y ait pas non plus des animaux mortels sous chaque caillou prêts à nous dévorer.

Ce à quoi nous révons sous nos parapentes. Voler sans fin puis piquorer du pistile.

Croiser un kangourou par jour est le strict minimum dans le bush. J’en compterais jusqu’à huit dans la même journée.
En général, lorsque nos chemins se croisent, un moment hors du temps se produit.
Nous restons tous les deux immobiles à se fixer pendant plusieurs secondes. Lui, dressé sur ses pattes arrières, les oreilles bien orientées dans ma direction et quant à moi, agrippé à la monture au milieu de la piste, transpirant à grosse gouttes sans la petite brise provoquée par mon avancée. J’imagine facilement dans sa tête: ” Il sort d’où celui-là ?” en voyant ma dégaine. Parfois l’animal bouge en premier, quelques fois c’est moi. Certains ne sont vraiment pas farouches. J’en serais même inquiet à certaines reprise de voir cet animal d’1m 80 me fixer à seulement quelques mètres. Le kangourou est réputé joueur et même boxeur.

Celui-ci était un peu plus peureux.

Malheureusement, d’innombrables kangourous, wallabys éventrés jonchent les bas côtés, percutés par des bolides. La putréfaction bien avancé de certains me soulèvent le coeur.
Les charognards et autres petites bestioles du sol quant à elles s’en régalent. Les lois de la nature sont ainsi, sévères et impitoyables.

Vivre constamment, jour et nuit, au contact des éléments naturels est ce qui m’anime pour voyager à vélo, en voilier et non pas cette mode clivante actuelle de “l’écolo” face aux méchants pollueurs.
Je ne voyage pas sur un vélo ou à bord de voiliers pour l’écologie, mais pour me sentir ridiculement vulnérable dans l’immensité d’un océan ou d’une profonde vallée Guatémaltèque par exemple.
Évidemment, je suis content que ce tour du monde soit très raisonnable, non pas parfait, en terme de pollution, mais ça n’est pas la motivation première.

Des gravels encore et encore. Le vide humain, la plénitude animale.
Sommerset dam.
La grosse mascarade. Je ne suis pas en Australie en fait, mais aux USA avec les biberons remplis de coca-cola. Mouahaha.

Cette cause du respect de l’environnement, que je défends pourtant, a pris à mon sens une tournure relativement triste par la manière dont le sujet est traité.

L’écologie est devenu la science de la privation.
Ça ne rhyme à rien de dire: ” ne consommez pas trop d’électricité, ne prenez plus la voiture, n’achetez pas de plastique (alors que les productions continuent)”. Sinon quoi? La fessée!? Baissez votre empreinte carbone, cette expression désormais sur toutes les lèvres devient la nouvelle crédibilité de tous bons écolos qui se respectent. C’est triste.
L’impact que cela induit dans l’inconscient est la culpabilité, la division de nos sociétés et l’anxiété. Tout ce dont nous avons besoins.

Alors, comment s’y prendre pour que l’inconscient collectif réalise l’importance de la cause, sans le braquer?

Le point clef est, à mes yeux, que les gens se sentent vraiment plus proches de la nature, qu’ils expérimentent sa complexité, sa beauté, sa résilience et surtout son hostilité.
Il me semble compliqué de vouloir protéger un environnement dont on est distant et que l’on considère comme une ressource à pomper sans fin.
À l’inverse, lorsque l’on vit d’intenses émotions en montagne, sur l’océan, dans le bush et bien la préservation de ces éléments devient un souhait prioritaire.
Comprendre ce que la nature nous offre, mais également ce qu’elle peut nous enlever, est primordial.
Je sais pertinemment que le monde dans lequel nous vivons, concentré dans des mégas-villes, avec ses contraintes économiques ne simplifie pas l’équation.

J’aspire à ce que les enfants puissent s’en échapper. Qu’ils ressentent et voient avec leurs regards si bons, si naïfs, cette magie de la nature et que plus tard ils lèvent le poing pour l’accompagner à se défendre.
Sortir de nos bulles qui nous privent de ce contact avec les éléments est sans doute un premier pas positif.
À cette occasion, je vais me débarrasser de la tente pour dormir à même l’herbe humide de la rosée.
Ça va, je déconne.

Je voudrais terminer sur un exemple de résilience exceptionnel de la nature qui m’a marqué.
Il y a un an nous visitions Tikal, une des plus grandes cités Maya du Guatemala.
La civilisation maya connue pour leurs magnifiques pyramides, aujourd’hui baignées dans une jungle tropicale, vivaient à l’époque dans un environnement très différent. Nous apprenons que les Mayas ont déforestés massivement pour faire chauffer le stuc, cette couche de surface qui confère la solidité millénaire à leurs temples.
La zone c’est progressivement transformé en désert.
Résultat, plus une seule goutte de pluie ne tombait du ciel puisque les arbres avaient disparus. La civilisation maya a suivie le même chemin de l’effondrement, en partie à cause de ce dérèglement climatique.
Deux mille ans plus tard la jungle à repris ses droits, les animaux aussi.

Nullement besoin d’avoir peur pour la planète, elle s’en sortira. C’est plutôt pour nos existences d’humains que la question se pose et pas l’inverse.

Je vous souhaite une belle semaine. J’éspère que la mienne sera pérchée sous les nuages de Manilla.

Steve

Publié par Un Tour d'Aile

Tour du monde à vélo, voilier-stop et parapente.

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