
Ces derniers jours, des trombes d’eau se sont déversées sur ce casque qui est désormais bien vissé à ma tête. Voilà quatre journées passées à greloter sous le déluge des pistes et routes de traverses australiennes. Qui l’aurait cru ? Certainement pas ceux qui m’avaient promis l’enfer d’une rôtisserie ambulante par 45°C d’entrée de jeu. Ça viendra, je le sais.
Cette pluie est, à mes yeux, une bonne nouvelle pour ce pays si aride. Les arbres semblent du même avis vue leurs couleurs resplendissantes et leurs vitalités énergisantes. Quel bonheur d’être à nouveau baigné dans le vert tropical après ces longs mois d’un bleu océan profond, aussi beau soit-il.
Ces précipitations anormalement abondantes sont attribuées au phénomène climatique la Niña se répétant depuis trois années consécutives. Pour ceux que la météorologie intéresse, un article intéressant de l’O.M.M explique ce dérèglement thermique des eaux de surfaces de la zone équatoriale Pacifique : le lien.



Celle-ci m’a donné du fil à retordre.
Rouler en solitaire laisse le champ libre pour certains délires objectivement assez farfelus, comme pédaler sous la pluie torrentielle. Une fois bien trempé, difficile de l’être plus me dis-je, alors autant avancer. Les muscles engourdis, se réchauffent au moins. Les pistes les plus défoncées, les plus boueuses me voient défiler luisant, mais si heureux. Seules les dents du sourire restent encore à peu près blanches. Je pourrais très bien empruntés ces grandes artères bitumés à la place, mais non, rien à faire. Elles sont fades et je fuis leurs trafics frénétiques dès que possible.
Hors des sentiers battus, je bénéficie d’un temps si précieux pour réflechir quant à ma condition humaine, sans penser à ces longues remorques de camions frôlant mes sacoches.
Le verdict est sans appel ! Cette idée folle, devenue réalité, de tourner autour de la planète avec un vélo et des voiliers m’épanouit comme jamais. La décision d’avoir littéralement tout quitté il y a deux ans je ne la regrette absolument pas, bien au contraire.
Déjà mis à l’épreuve mainte fois, ce choix je continue de l’assumer seul, depuis plusieurs mois. Il s’agit d’une aventure dans le voyage que je souhaite vivre et non subir. Tout est exacerbés lorsque l’on est seul face à soi-même. Les émotions, les rencontres, les surprises ont des saveurs particulières. Cette expérience si spéciale qui ne convient pas à tout le monde, m’apporte cependant une profonde paix intérieure.

N’oublions tout de même pas, que ce voyage est réalisé par convictions et non pas par obligations. Le privilège est immense.
En réfléchissant ainsi, je perçois mes galères quotidiennes comme amusantes, la solitude comme la liberté ultime et la pluie comme l’opium des plantes.
Également, avoir une famille prête à se déplacer à l’autre bout du monde pour me rendre visite en ce moment sur la Sunshine-coast australienne est une chance inestimable dont j’ai pleinement conscience.

Le Privilège de barouder à vélo repose aussi dans la formidable communauté d’hospitalité “warmshowers”. Opportunité unique de rencontrer d’autres cyclo-déjantés et d’apprendre beaucoup sur leurs pays. Elle permet en outre, de dormir au sec en ces moments de mousson intempestive. Un luxe qui contraste avec le quotidien des nuits sous tente que j’adore pourtant.
Rencontrer autant de personnalités différentes est une expérience fascinante par la diversité incroyable des horizons de vie que cela représente.
D’un soir à l’autre, ces personnes m’ouvrant leurs cocons familiaux ont bon nombre d’anecdotes croustillantes à raconter. Souvent à mourir de rire, fréquemment à faire réfléchir.
Les plus amusantes sont, sans doute, celles de nos petites galères que nous partageons mutuellement autour d’un bon repas. Une tente qui part en lambeau dans le mauvais temps d’un bivouac isolé, une nuit glauque dans un “love motel” faute de trouver mieux ou bien cette foutu chambre à air qui se met à fuir à trois reprises dans la même journée. Celle du camping au départ paisible se transformant plus tard en karaoké endiablé fait sourire à posteriori. Sur le moment, légèrement moins. Tu te dis: “Ce soir je vais bien dormir après cette étape épuisante”. Loupé, lorsqu’au moment d’être bien endormis ils décident d’envoyer les watts et sortir les chanteurs du samedi soir. Les bouchons d’oreilles, même les meilleurs, ne peuvent rien contre ça.
Nous nous comprenons avec mes hôtes puisqu’ils ont déjà entrepris cette longue route du voyage à vélo. Ils savent que ce mode de transport implique des hauts intenses et des bas souvent hypoglycémique, mais qu’il s’avère riche en émotions, en rencontres et découvertes.
Je tiens à remercier chaleureusement toutes celles et ceux qui m’hébergent par simple partage d’une passion commune pour le voyage à vélo.


L’itinéraire à venir. En noir la partie déjà parcourue, en rouge celle dans le viseur.


Modification du vélo en mode citoyen du monde. Déjà 15 drapeaux visités. Bon courage pour tous les trouver!

Steve
Steve, tu es fin prêt pour la saison de cyclocross on dirait ! 😉
Ahaha😆. En effet! Sans les sacoches c’est sans doute plus simple pour suivre le peloton.
Des bises à toi et à Silviu of course.
Vous êtes trop beaux et quelle joie de vous retrouver en famille. Profitez bien et bon courage à Steeve pou la suite de l’aventure. BRAVO.
Merci, je transmet à la famille. Des bises
Quel plaisir de voir tes parents en Australie….alors que je ne les croise pas dans les rues de Mâcon…..ni sur les chemins de randonnées maconnais….
Marie Jo Trouillet, prof d’histoire/ géographie….à Ozanam…..dont la fille..prof d’EPS ( merci Thierry) est partie avec mari et 2 petites filles…pour une aventure en Amérique du Sud….transports traditionnels locaux….logements chez l’habitant…et dans les communautés indiennes avec participation aux activités….
Bonjour. Merci pour ce message qui m’a franchement surpris… Parfois je me demande qui peut lire mes histoires farfelues. Eh bien voilà une partie de réponse.
De chouettes moments que l’on a vécus avec la famille en Australie.
Belle aventure qu’ils vont vivre en Amérique latine. Je leur souhaite qu’elle soit heureuse et pleines de surprises.
Steve