Hors d’un monde au Vanuatu

Casacade Mélé. Île Efaté. Vanuatu

À partir des Fijis, la route vers l’ouest et l’Australie, offre la possibilité d’une éscale imprévue dans l’archipel du Vanuatu. Une découverte qui nous a tous profondément marqués par les qualités humaines de ses habitants et leurs manières de vivre.
Le peuple vanuatais est sans aucun doute le plus accueillant et le plus sympathique depuis les exceptionnels mexicains (eh oui, le Mexique ne se résume pas à la violence et aux trafics).
Nous avons échangés, avec mes trois compères bretons, des moments de partage incomparable sur les îles d’Erromango et de Tanna.

Sacré David! Une encyclopédie à lui tous seul.

Le Vanuatu anciennement Nouvelles-hébrides fût jusqu’en 1980 un condominium franco-britannique. Les deux pays géraient conjointement l’archipel et ses eaux suite à la colonisation. Depuis 42 ans le pays a retrouvé son indépendance.
Une petite part de la culture française est cependant restée notamment par la langue.
À ma grande surprise le douanier, première personne à qui l’on parle, me réponds dans un français parfait lorsqu’il lit “R.F” sur ce précieux sésame qu’est le passeport. J’apprends que 20 à 30 % de la population suit encore l’école en langue française et la parle couramment. Le bichelamar, la langue traditionnelle parlée par les vanuatais, utilise et mélange bon nombre de mots anglais. En Bichelamar, merci beaucoup se dit: “Thank you toomas” et bonjour: “Halo”. Ces quelques mots prononcés déclenchent des sourires, que je sens sincères. Parler quelques mots de la langue locale ne demande aucun effort et pourtant instaure une forme de complicité quasi immédiate.

Avec Léa et sa cousine discutant de l’état de sa Boulangerie.

Port résolution où habite la famille de Léa se situe sur le flanc “au vent” de l’explosif volcan Yasur réputé comme le plus accessible et un des plus actif de tout le Pacifique.
Ce volcan, en éruption depuis au moins 250 ans constitue désormais la ressource touristique majeure de Tanna. C’est grâce à lui et à son halo rouge de lave que James Cook en 1774 repèra en pleine nuit l’île de Tanna. Il mouilla dans la baie qui aujourd’hui porte le nom de son navire HMS résolution.

Le bout du monde !

Cette somptueuse crique est notre camp de base pour par partir explorer ce fameux Yasur et appréhender la vie de la communautée.
L’entrée dans le parc national n’est pas donnée avec ses 80 euros par personne mais l’expérience en vaut la peine. Elle permet également de contribuer à notre échelle à la vie de l’île.
Le spectacle de nuit est mémorable, bien que relativement exposé. Certaines projections de pierres volcaniques rougeoyantes atterissent près de la lèvre du cratère depuis laquelle nous observons les entrailles déchainées de la terre. Le grondement résonnant à chaque explosion est rageux. Au Guatemala sur le volcan El Fuego déjà, j’avais ressenti cette puissance qui fait frissonner les poils. Le Yasur est encore plus spécial. C’est sûrement grâce à la proximité avec les fréquentes explosions que le ressentis est plus intense, mais aussi par l’absence totale d’infrastructures au niveau du cratère.
En guise de “sécurité”, un guide trace une ligne avec son pied dans la cendre volcanique instable. Il nous explique calmement de ne pas la dépasser. Situation déconcertante, mais c’est exactement ce qui m’a plu au Vanuatu.

KAABOUM

Malgré une certaine précarité, la vie s’organise autour d’une activité vivrière importante. Les cultures nourricières occupent la majorité du temps des communautés. La plupart des productions se concentrent sur le taro, le magnoque, l’igname, sortes de pomme de terre tropicale. La patate douce pousse merveilleusement bien et les feuilles comestibles du plant apportent une source non négligeable de protéines. La banane, le coco, la papaye occupent également une place prépondérante dans leurs alimentations. L’énorme avantage de ces cultures tropicales réside dans l’absence de saisons froides comme en Europe. Douze mois sur douze les terres sont ainsi cultivées et nourrissent sans coupures les familles parfois nombreuses.

La boulangerie de Port Résolution.
Léa nous prépare le coco.

Il est coutume d’offrir des cadeaux lorsque l’on passe du temps dans un village.
À Port résolution, nous arrivons avec deux sacs remplis de boites de conserves et Henri, notre électricien, répare le panneau solaire du village, seul moyen d’avoir de l’énergie.
Sur Eromango, David a également eu le droit à son “sac”, du matériel de pêche et des médicaments pour soigner une méchante infection du tibia d’une de ses nièces. Leurs sourires en disaient long.

Pour nous remercier David me fait essayer sa pirogue construite de ses mains. 40 ans de solidité. Vive la simplicité.

Cet archipel de 83 îles, souffre par sa situation géographique, des évènements climatiques extrêmes.
Il est considéré comme le pays le plus exposé au monde face aux risques naturels, selon le world-risk-index de l’ONU.
Cyclones, inondations, explosions volcaniques, tsunamis et séismes sont fréquents et rythment la vie des îles.
En 2015, lors du passage du cyclone Pam de catégorie 5 (la plus puissante), des vents de 270 km/h en continu sur une minute, sont enregistrés à Port-vila.
En 2018 le volcan Ambrym rentre en éruption et nécessite l’évacuation d’une majeure partie de l’île du même nom. Les vanuatais prennent, en apparence, ces évènements avec détachement, sans affolement, ni stress démesuré. J’ai souvent entendu la philosophie du “ainsi soit-il” en réponse aux questions sur les risques naturels. Léa à Port Résolution sur l’île de Tanna, nous expliquait que lors d’une alerte tsunamis, sa famille de quatre enfants marcha plus de 10 kilomètres dans la jungle et de nuit pour atteindre un lieu qu’ils savaient sur. Deux jours durant ils ont patientés. Aucune vague n’a pourtant déferlé dans cette petite bourgade hors d’un monde. Nous l’écoutons ébahis.

Quand ça souffle à 250 km/h évidemment tout vole. Ils reconstruisent avec les matériaux locaux en bois et palmes de coco et un peu de bambou. Un éternel recommencement.

Port-vila la capitale fait office d’exception avec ses centres commerciaux ses restaurants, ses casinos, sa vie nocturne et son port de commerce. Cette ville contraste tellement avec le reste du Vanuatu que l’on a découvert. Deux mondes bien différents qui s’entrechoquent dont le quotidien des habitants semblent à deux vitesses.

Le Vanuatu restera pour moi une des étapes les plus marquantes de la Transpacifique grâce à la gentillesse du peuple qui habite ses îles et par sa nature sauvage, rageuse.

De Tanna nous hissons les voiles vers la Nouvelle-calédonie pour une navigation en boulet de canon. Une bonne brise d’une vingtaine de noeuds au travers et le compteur affiche 210 miles nautiques en 24h, sans forcer. Sacré canot quand même ce vieux renard (Louarn-kozh en breton).
Arriver à Nouméa et ses 160.000 habitants est un choc. Tout semble si moderne, même en brousse.

Île des pins. Nouvelle calédonie
Réassemblage du vélo pendant le séjour à Nouméa.
Pour aller voler au Ouen Torro. Joli site en dynamique. Nouméa. ( En photo: guillaume, un copain du moment)
Dumbéa. Nouvelle Calédonie.

Mardi, 4 octobre 2022, le départ est prévu pour Bundaberg dans l’état du Queensland Australien. Ultime étape qui va clôturer cette longue Transpacifique de 16.000 km (8800 Nm) du Mexique jusqu’en Australie. Je trépigne d’impatience et mon vélo aussi d’attaquer la traversée en solo de ce continent
Petite information glissée au passage, ce site sera désormais mon seul et unique outils de communication. Finis pour moi les réseaux sociaux, sans regrets.
Des bises salés.

Steve

Publié par Un Tour d'Aile

Tour du monde à vélo, voilier-stop et parapente.

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