
Il paraîtrait que les noix de cocos aux Cooks-islands et aux Fijis sont planquées au sommet des mâts. C’est du moins ce que l’on a essayé de me vendre pour grimper et réparer les avaries à 22 mètres de haut. Les révoltés de la mutinerie du Bounty sont bientôt parmi nous. Mais non voyons!

Le départ de Bora-bora avait bien commencé! Ses eaux turquoises, ses mouillages de rêve, son site de vol libre étaient comme un bel adieu à la Polynésie Française. Après 3 mois sur ces îles c’est sans regrets qu’elles disparaissent dans un sillage remplis de souvenirs incroyables. La deuxième moitié du tour-du-monde peut maintenant commencer.


Le paisible début de navigation vers l’ouest ne laisse pas présager un de coup de vent annoncé plus tard à 40 noeuds. Pas de quoi effrayer les mouettes du quartier mais d’un point vue de terrien, ça décoiffe.
La route de Louarn Kozh vers l’éscale des Cooks islands devait ne pas croiser ce coup de grisou sauf qu’en mer l’imprévu est roi. 24 heures avant d’atteindre Rarotonga l’enrouleur du génois (la voile d’avant) tombe en panne alors que l’on souhaite réduire la toile dans 25 noeuds établis au sud. Le bougre !
On s’excite sur son cas et par un tour de force moyennant quelques morceaux de limailles en moins, le génois finit par s’enrouler sur lui-même. La vitesse chute de moitié sans ces 84 m² de voile.
Noël, le capitaine, décide de faire ronfler le moteur qui va nous sortir d’une mauvaise passe, inconfortable tout au plus.
L’objectif étant de se mettre à l’abri avant lundi 15 aout, annoncé comme le pic d’intensité du coup de vent.
Dimanche soir, nous mouillons l’ancre au milieu des containers du port commercial de Rarotonga/ Avatiu, par 30 noeuds. Ambiance glauque au milieu de cette ferrailles rouillées et renforcée par un crachin purement breton.
Le lendemain après négociations tendues avec le capitaine du port nous pouvons amarrer le bateau à quai et tenter une réparation de l’avarie.

Sans le savoir une course contre-la-montre va commencer. Dans la semaine nous allons devoir déguerpir, car une alerte grosse houle de nord va être lancée. Le port de Avatiu devient très mal protégé lorsque la houle tourne et rentre par le Nord.
Le voilier Louarn-kozh fière des ses 52 pieds, battant pavillon breton fera la première page du journal local à cette occasion. Les discussions de comptoir seront évidemment alimentées par ce coup de communication réalisé à notre insu.

Trois jours durant nous travaillons sur l’enrouleur, cette pièce maitresse du gréement sans laquelle naviguer 1400 miles vers les Fijis n’est pas envisageable.
Les gérants du magasin de bricolage en face du port commencent à nous connaitre bien plus que nous connaissons leur île. Les forets de 8, les allers retours en tête de mât et les croquis de mécanique rythment nos journées peu touristiques. La vue au sommet des 22 m du mât offre tout de même un panorama original sur cette île perdue dans l’immensité du Pacifique.
Jeudi matin après une ultime vérification au sommet du mât, nous larguons les amarres en direction des Fijis avec un enrouleur fonctionnel. Ça n’était pas gagné!

Dix jours de mer plus tard, nous mouillons l’ancre dans les eaux Fijienes. La vie à bord désormais bien rôdé est occupé par la pêche, les siestes post quarts, la bonne cuisine et les manoeuvres de pont insolites.





La dernière en date: à 3 h du matin, l’équipage est réveillé en sursaut par le voilier “partant au lof” sous un orage vicieux. Le “départ au lof” est la manière dont le voilier se couche sous le vent pour éjecter son équipage des bras de morphée et lui signaler qu’il a trop de voile déballés. En général l’action se déroule la nuit, sinon c’est pas drôle. Ni une ni deux nous déboulons sur le pont en slip pour choquer les écoutes et enrouler le génois qui cette fois-ci ne bronche pas. Une fois la manoeuvre terminée le fou rire éclate en nous voyant dénudés sous la pluie battante et s’hurlant gentiment dessus à causes des bouchons d’oreilles encore bien enfilés dans les oreilles.


Certains diront que la navigation est l’art de réparer son bateau dans des endroits exotiques. Après avoir navigué sur des voilier aux horizons différents, dont certains en très bons états, le bricolage, le bidouillage et le système D sont des constantes. À postériori c’est plutôt amusant, mais surtout stimulant pour les méninges en recherche de solutions.
L’escale des Fijis n’échappe pas à la règle et les premiers jours à Vuda marina sont consacrés à la maintenance du bateau.
Très rapidement nous ressentons le besoin de s’échapper de cette marina oppréssante, pour appréhender la réalité de la vie locale.
La ville de Nadi est réputé pour abriter un des plus grands marché couvert des 300 îles que comptent l’archipel. Ça sera l’occasion de faire le plein de fruit et légume que la douane nous a entièrement subtilisés le premier jour. Même le pinard des bretons a été consigné. Je ne vous explique pas la crise diplomatique.

Dès les premiers instants à Nadi, nous sommes surpris par la présence d’une importante communautée indienne représentant 45% la population totale.
Le temple hindou, aux façades multicolores, du centre-ville en témoigne. En ce premier septembre le lieu célèbre le dieu Ganesh et n’est malheureusement pas ouvert au public. Ganesh est le dieu de la sagesse, de l’intelligence et de l’éducation dans la religion hindouiste.


A l’image de Tahiti où la communauté chinoise détient l’économie locale, au Fiji ce sont les indiens qui sont aux manettes des échoppes où s’écoule le dollar Fijien.
Le marché n’y déroge pas, la plupart des stands sont tenus par des indiens pour qui le commerce semble très bien rôdé.
Filou finira avec le sac remplis de babioles et un fameux pagne traditionnel.
Une bonne partie de rigolade que la négociation avec ces marchands plutôt raides en affaires.


Je me contenterais des fruits et légumes pour ne pas encombrer mes saccoches d’objets a l’utilité douteuse dans l’outback Australien.
Prochaine étape au Vanuatu avant la Nouvelle-calédonie et la dernière ligne droite de cette Transpacifique vers la gold coast Australienne.
Steve.